Les matières fissiles sont des matières qui peuvent subir la réaction de fission. Elles sont le composant clé des armes nucléaires ou d'autres dispositifs explosifs nucléaires. Celles qui sont le plus souvent utilisées dans les armes nucléaires sont l'uranium hautement enrichi (isotope U-235 de l'uranium) et le plutonium (isotope Pu-239 du plutonium).
Un traité non discriminatoire, multilatéral et internationalement et effectivement vérifiable interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes nucléaires ou d'autres dispositifs explosifs nucléaires renforcerait le régime de non-prolifération nucléaire et pourrait représenter une contribution pratique aux efforts de désarmement nucléaire.
Cette question est débattue depuis de nombreuses années au sein de la Conférence du désarmement (CD). En 1995, la Conférence a adopté le rapport(CD/1299) du coordinateur spécial, l'ambassadeur Shannon du Canada, sur le résultat de ses consultations "sur l'arrangement le plus approprié pour négocier un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes nucléaires ou d'autres dispositifs explosifs nucléaires". Le rapport contenait également un mandat pour la création d'un comité ad hoc sur "l'interdiction de la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes nucléaires ou d'autres dispositifs explosifs nucléaires". Les négociations de fond n'ont cependant jamais commencé.
Plusieurs initiatives ont été prises pour tenter de sortir de l'impasse politique dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement. En 2012, l'Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution 67/53 par laquelle elle a prié le Secrétaire général "de solliciter les vues des États Membres sur un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes et autres dispositifs explosifs nucléaires, y compris les aspects éventuels de ce traité, et de lui présenter un rapport(A/68/154 ) (A/68/154/Add.1) sur la question à sa soixante-huitième session". La résolution a également créé un groupe d'experts gouvernementaux qui, dans son rapport final présenté à l'Assemblée générale des Nations unies, a formulé des recommandations sur les aspects qui pourraient contribuer à un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes nucléaires ou d'autres dispositifs explosifs nucléaires, sans toutefois négocier ce traité, sur la base du document CD/1299 et du mandat qui y est énoncé. Les États membres ont ensuite soumis leurs avis sur ce rapport final.
En 2016, l'Assemblée générale des Nations unies a adopté la résolution 71/259 par laquelle le Secrétaire général a été prié de créer un "groupe préparatoire d'experts de haut niveau sur le traité sur l'arrêt de la production de matières fissiles". Le groupe a été chargé d'examiner les éléments essentiels d'un futur traité non discriminatoire, multilatéral et internationalement et effectivement vérifiable interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes nucléaires ou d'autres dispositifs explosifs nucléaires, sur la base du document CD/1299 et du mandat qui y est énoncé, et de formuler des recommandations à ce sujet. Le groupe a également examiné le rapport du groupe d'experts gouvernementaux en vue de formuler d'éventuelles recommandations et s'est mis d'accord sur un rapport final qui a été soumis à l'Assemblée générale des Nations unies.
Des projets spécifiques visant à soutenir ce processus et à accroître la compréhension et l'engagement d'un plus grand nombre d'États membres de l'ONU dans un processus consultatif informel et ouvert ont également été lancés par le Canada et l'Union européenne.